Les pratiques sont elles nécessaires?
- nondualite
- il y a 5 jours
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Question: Dans la tradition du Yoga, il est souvent question d’un ensemble de pratique visant à une purification, à une progression personnelle et ultimement de réaliser l’unité entre l’Atman, ou Âme individuelle et Brahman ou l’Absolu Réalité. Pourtant dans la non-dualité, il est dit que nous sommes déjà ce que nous cherchons et donc qu’il n’y-a rien à faire pour être, Quelle est la vérité?
Le but de toute Voie spirituelle authentique, est la re-connaissance de notre nature véritable au delà du moi, la Présence-consciente ou le Soi.
Le terme « Yoga » signifie « mettre sous le joug et unir ». Il doit donc y avoir quelque chose à réunir, quelque chose à atteindre, une progression vers un but final qui s’appellerai ‘Yoga’ ‘Union’. Mais unir quoi ? Le Jivatman et Brahman n’ont en réalité jamais été séparés.
Cela dit, tant que le corps et l’esprit sont encombrés, la croyance en un individu séparé est très tenace. C’est pour cette raison qu’il existe une multitude de pratiques de Yoga, censées nettoyer le terrain, de façon à ce que notre réceptivité soit épurée, et facilite la perception directe, qui est exprimée par « Aham Brahmâsmi » « Je suis Brahman ».
Dans la tradition du Yoga, il est question d’une voie directe et d’une voie indirecte. Le Hatha Yoga, le Kriya Yoga, le Kundalini Yoga, font partis de la voie dite indirecte, le Karma, Bhakti et Jnana Yoga, ainsi que le pur Tantra, font parti de la voie dite directe. Le Raja Yoga est un intermédiaire.
Suivre la voie indirecte c’est s’appliquer à revenir au corps et à l’esprit, à les nettoyer des impuretés, à ôter les voiles de l’ignorance, en vue de réaliser notre vraie nature dans la futur.
La voie directe c’est constater que nous ne sommes pas le corps, ni l’esprit et donc il n’y-a rien à nettoyer, elle pointe directement vers ce que nous sommes déjà maintenant et ici.
Ce que y est reproché aux voies progressives, c'est qu'elles maintiennent dans l'idée de quelqu’un qui aurait un résultat à atteindre dans le temps. C’est à dire qu’elles mettent sous condition le fait d’être, ce qui renforce l’identification à l’ego. Ce qui pourrait être reproché à la voie directe, c’est que l’on confond souvent la compréhension conceptuelle de la vérité avec la réalisation profonde.
Dans la voie du bouddhisme Zen, il y a une histoire qui raconte que lorsque Kohin, le 5e patriarche, eut a choisir un successeur, pour tester la compréhension de ses disciples, il leur demanda d’écrire un poème.
Jinshu, son plus ancien disciple écrivit: « Ce corps est l’arbre de l’éveil, cet esprit est comme un miroir brillant, sans cesse nous les époussetons et essuyons, afin qu’aucune poussière ne s’y attache.
Un autre disciple, Eno, écrivit:
« Dans la vacuité, il n’y a pas d’arbre de la Boddhi, ni cadre, ni miroir brillant. Tout est nature de Bouddha parfaitement vide, où donc pourrait adhèrer la poussière ?
Le poème de Jinshu exprime la voie progressive et celui d’Eno, la Voie directe.
En réalité c’est très simple, tant que l’on s’identifie au corps-pensant, les pratiques indirectes sont probablement nécessaires.
Dès que l’on perçoit la supercherie mentale de manière directe, elles ne sont plus nécessaires.
Nous ne sommes pas le corps, les sens et l’ esprit, qui sont des expressions de notre conscience intemporelle. Le corps et les pensées apparaissent en nous et non l’inverse. Mais pour comprendre profondément que nous ne sommes pas quelque chose, il faut être capable de le voir et de le vivre.
Il est possible d’ unir la voie indirecte et la voie directe en les utilisant avec intelligence, c’est à dire en évitant de s'enfermer dans l’idée d’un ‘moi’ séparé, auteur d’un ‘faire’, censé nous amener à être ce que nous sommes déjà. En évitant également de prendre pour acquis une simple compréhension intellectuelle ou une expérience fugace de la Connaissance de Soi.
Il s’agira d’enquête, d’exploration, et surtout d’écoute. Lorsque nous écoutons vraiment le corps et l’esprit sans rien faire et les accueillons tels qu’il sont, il s’ouvrent à leur état naturel, spacieux, vacant, sans couture, dans lequel il n’y-a aucune attache.
Vous savez, le Yoga c’est être libre de soi-même, libre de l’image que l’on croit être, libre dans la beauté de notre absence.
C’est réaliser que l’on n’est rien, et vivre complètement en accord avec ce rien qui embrasse tout.
Love & Blessing to all
Swami Dharmapriyananda
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