VEDA et VEDANTA
Veda & Vedanta, traduit de la revue Yoga (Bihar School)
Les Védas sont considérées comme les plus anciens ouvrages dans la bibliothèque de l’humanité. Elles auraient, selon de modestes évaluations, plus de 45 000 ans. En effet, certains passages des Védas font référence à une géographie totalement différente de notre géographie moderne. Des grands astronomes se sont penchés sur certains passages des Védas et ont trouvé des références à des conjonctions astrales qui se sont produites effectivement il y a 100000 ans.
De sérieuses études font penser que les hymnes védiques n’ont pas été révélés en un lieu ou en un temps donné, mais qu’ils ont été créés à divers moments, dans des pays et sous des latitudes très différentes.
Nombre de ces hymnes semblent originaires de l’Arctique (naturellement aujourd’hui le pôle Nord). Cette partie du globe maintenant couverte par les glaces et les neiges connut autrefois une civilisation évoluée dotée d’une grande culture et de vastes connaissances. D’autres hymnes viennent de Sibérie, et d’autres encore de l’Afghanistan (cœur de Lahore et Penjab du Nord).
Mais la plupart des Védas font référence aux Himalayas, aux fleuves du Gange et de la Yamuna. Des chercheurs indiens et de grands érudits occidentaux en ont conclu que l’Arctique a dû être la première patrie des Védas. Mais le grand bouleversement géologique qui transforma cette région en zone glaciaire chassa les habitants vers des lieux plus cléments. Ils arrivèrent finalement dans les plaines fertiles et accueillantes du Gange et de la Yamuna.
Les fouilles archéologiques de Mohenjodaro et Harappa (situés dans le Pakistan moderne) ont mis en lumière l’appartenance des Védas au monde arctique et leur migration vers la plaine du Gange.La tradition védiqueLe terme de Véda signifie littéralement « connaissance révélée ». Il provient de la racine sanskrite Vid : connaître.Dans la tradition védique, la connaissance n’est pas seulement intellectuelle elle vient aussi à travers une expérience vécue. Le Yoga se réfère toujours à une connaissance qui est de deux ordres : connaissance directe, à travers les sens, le mental et les objets; connaissance indirecte qui vient du « dedans ». C’est ce qu’on appelle la connaissance intuitive.
A l’origine on disait que les hymnes védiques étaient d’inspiration divine, révélés par Brahma à des Rishis dans un haut état de conscience. Le rishi est une personne dotée de connaissance intérieure ou intuition. Quand le mental individuel est en harmonie avec le mental cosmique, l’être atteint une nouvelle dimension de conscience où tout ce qui est pensé, ressenti ou aperçu devient réalité. C’est l’état de révélation. C’est par les Rishis ainsi inspirés que furent composés les différents hymnes védiques. Telle cette princesse atteinte de lèpre. Guérie, elle consacra sa vie à la recherche spirituelle et, dans un moment de suprême conscience, composa des chants qui font depuis partie des hymnes védiques.
Autrefois les Védas étaient uniquement transmises de bouche à oreille. Personne ne prenait de notes, et… il n’y avait pas de livres. Cette méthode connue sous le nom de tradition orale développait considérablement les facultés mentales st surtout la mémoire. Il s’avère que si quelqu’un dépend trop de la parole écrite, le mental perd en puissance et en réceptivité tandis que la mémoire s’affaiblit.
Jadis, dans les Gurukul, le Rishi ou Guru réunissait un petit groupe de disciples à qui il enseignait ce qu’il percevait dans ses moments d’extase. A la suite de ces révélations les disciples essayaient de mettre en pratique ce qu’ils avaient appris et qui se gravait ainsi en eux pour toujours.
Plus tard ce type d’enseignement fut compilé et connu sous le nom de Shruti — ce qui signifie : ce qui est entendu : le Guru savait, expérimentait et transmettait aux disciples qui entendaient.
Les disciples ayant à leur tour des disciples transmettaient ce qu’ils avaient appris et dont ils avaient le souvenir. Ainsi la connaissance, transmise à l’origine par des Gurus inspirés, fût-elle redonnée par des Gurus intellectuels. Cette forme d’enseignement porta le nom de Smritti : mémoire.
Il existe donc deux types de Védas : Shruti, connaissance obtenue par révélation, et Smritti, connaissance retenue par la mémoire et transmise à travers les âges sous forme de contes, pour que tout un chacun puisse s’en souvenir.
Un autre type de textes que les Védas se développa par la suite : les Sutras. Sutra signifie fil. Cela signifie que les différentes pensées se rapportant à un sujet particulier étaient « enfilées » ensemble. Quand le Guru donnait son enseignement, le disciple prenait juste quelques notes. Ce « fil » ténu devait être interprété et expliqué sous forme de commentaires afin que le profane puisse comprendre. C’est ainsi qu’il existe des Sutras sur le Hatha Yoga, le Karma Yoga, le Bhakti Yoga et le Védanta. Ces petits fascicules étaient un rappel des thèmes principaux que les disciples recueillaient de leur Guru et qu’ils transmettaient à leur tour à leurs disciples. Les textes des Sutras sont très succincts, alors que les commentaires auxquels ils ont donné lieu emplissent une foule de volumes.
Les 4 Védas
Les Védas sont une source incomparable de connaissances. Leur langue est d’une grande exactitude et clarté à tous égards. Elles ne contiennent aucune erreur grammaticale. Les Védas ne sont pas seulement un texte sacré, mais une forme de littérature. De même que dans la science, où il existe tant de sujets, de classifications, les Védas se composent de nombreux chapitres et sujets.
*La plus ancienne des Védas est le Rig-Véda. C’est le Rig-Véda qui serait originaire de l’Arctique. Les strophes évoquent les mythes des Dieux Aryens, la description des sacrifices et d’autres rituels.
*La seconde Véda est l’Yajurvéda qui présente des formules sacrificielles pour toutes les circonstances de la vie.
*La troisième est le Samavéda qui se compose de chants. Elle est à l’origine de la musique. En ce temps-là, il n’existait que trois notes de musique (1ère, 5ème, 7ème, ce qui correspond, dans la gamme occidentale à Do, Sol, Si). Selon la tradition, les hymnes védiques sont toujours modulés — pas récités ou répétés — et la plupart sont chantés sur ces trois notes.
*La quatrième Véda est l’Atharvavéda. C’est un recueil de toutes les sciences : Tantra et Yoga aussi bien que médecine, chirurgie, phytothérapie, minéralogie, tir à l’arc, magie, sexonomie et un nombre considérable d’autres sujets. Au début, les Rishis, estimant que seule la connaissance suprême (Brahman) pouvait être révélée, refusaient d’admettre que l’Atharvavéda puisse faire partie des révélations. Mais par la suite, il fut reconnu que toute connaissance (et pas seulement celle de l’Absolu) pouvait être reçue par révélation.
Les quatre Védas abordent des centaines de sujets qui concernent la vie et la vie après la mort. Elles se réfèrent à l’existence sur terre et aussi sur d’autres galaxies. Elles débattent de spiritualité, de philosophie, de politique ou de sociologie, racontent le voyage de l’âme après la mort, évoquent la possibilité de vie sur d’autres systèmes solaires, décrivent la bataille entre les forces divines et démoniaques chez l’homme et dans la société, traitent des géographies, d’histoire aussi bien que de la création dans l’Absolu.
Les quatre divisions
Les sujets abordés par les Védas étaient si nombreux qu’ils furent ultérieurement divisés en quatre parties :
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1ère partie : Samhitas. C’est un recueil de mantras et de prières. Il s’adresse à ceux qui pratiquaient la dévotion sous une forme rituelle et symbolique, dans toutes les circonstances de la vie. On les utilise dans des cérémonies qui vont de la naissance à la mort en passant par le mariage, la construction d’une maison, l’ouverture d’une boutique, la création d’une entreprise agricole, l’initiation d’un disciple ou toute autre occasion.
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2ème partie : Brahmanas, code moral destiné aux chefs de famille. Le ton en est très technique et concerne tout ce qui a trait à la famille et à la société. Par exemple, la raison pour laquelle des membres d’une même famille ne doivent pas se marier entre eux, comment un ministre, un roi ou un gardien de la paix doivent se comporter, comment les biens doivent être transmis et les impôts levés — cela, entre autres.
Bien qu’il semble traiter principalement des aspects matériels de la vie, ce code tient compte également de la vie spirituelle.
• 3ème partie : Aranyakas, les écrits de la forêt. Ces textes s’adressent à ceux qui, ayant accompli leur temps de chef de famille, sont prêts à se consacrer à une vie plus spirituelle loin de leur milieu familial. La manière dont ces hommes doivent se comporter en vivant avec leur épouse, tout ce qu’ils doivent faire ou ne pas faire, tel est le contenu de ce troisième code.
• 4ème partie : les Upanishads. Elles traitent de sujets philosophiques tels que le Soi, l’Être Suprême, la Conscience divine, et indiquent comment atteindre, dans la vie, l’état de Félicité.
C’est l’enseignement qui fut révélé aux Sannyasins (ceux qui avaient accompli toutes leurs obligations mondaines, renoncé à leurs attachements, qui n’avaient plus aucun désir de propriété, de puissance et de responsabilité et qui voulaient vivre dans la solitude). Les Upanishads parlent d’une seule chose : Brahman, l’Absolu, l’Unique Réalité.
Ces quatre divisions des Védas influencent les civilisations et les cultures depuis des milliers d’années. Elles postulent que le but de toute vie humaine est d’atteindre la conscience divine. Au-delà des désirs, des passions, des ambitions, l’esprit en chacun est un pèlerin, un voyageur en route vers cette suprême et divine conscience. Tous les êtres — et non seulement les hommes — sont reliés les uns aux autres. Chaque espèce est un maillon de l’immense chaîne et, selon les Védas, l’incarnation humaine est un jalon capital dans l’évolution de l’âme.
L’être humain vient au monde avec une certaine capacité lui permettant de prendre conscience de soi. L’homme n’est pas grand parce qu’il a développé un mental logique capable de raisonnement (de nombreux animaux ont un mental plus organisé et sensible que celui de l’homme) mais l’homme est arrivé à un niveau où il a conscience de lui-même. Il ne fait pas que réagir à une douleur physique ou émotionnelle. S’il souffre il sait qu’il souffre et il sait qu’il sait qu’il souffre.
Aussi les Védas parlent-elles d’un seul sujet : Brahman ou la Conscience Universelle présente en toutes choses, douées ou non de sensibilité. Il ne faut pas confondre avec mental, intellect, sentiment, connaissance ou sensation. La Conscience Universelle transcende toutes ces données.
L’Unité à travers la diversité
Les Védas expriment une tradition : la « libre pensée ». C’est pourquoi ses milliers d’hymnes ne sont ni uniformes ni systématiques.
Prenons un exemple. Quelques personnes discutent de l’origine de la vie et de la réalité de la nature.
— « La vie est un accident » dit l’un,
— « Non, réplique son voisin, Dieu l’a créée »,
— « C’est une volonté cosmique », ajoute le troisième,
— « Mais non, réplique le quatrième, la nature s’est créée elle-même ».
Et bien, toutes ces conceptions se trouvent dans les Védas (c’est pourquoi la religion hindoue est faite de tant de courants de pensée) : vous croyez en un Dieu personnel, c’est dans les Védas; vous êtes athée et croyez que la création est le résultat d’une réaction biologique entre force masculine et force féminine, c’est dans les Védas; vous pensez que, par accident, la terre s’est détachée du soleil et qu’il s’est créé un environnement favorable à la vie, c’est encore dans les Védas; vous croyez à un Dieu sans nom, sans forme existant au plus profond de chaque être, c’est toujours dans les Védas. Aucune conception, aucune discussion relevant d’une haute forme de pensée n’est rejetée — sur des milliers d’années —. Car l’être humain sur la voie de la spiritualité et de la réalisation doit demeurer en accord avec sa position dans la vie. Si on parle de l’Absolu ou de la Réalité sans forme, personne ne va comprendre. Même dans les temples, il y a des foules de gens qui ne savent pas ce que représentent les Dieux et les Déesses, ni pourquoi ils vont se prosterner. L’important c’est que chaque être se comporte en accord avec ses limites. Doit-il changer de voie et suivre la vôtre ? Quelles preuves avez-vous que votre manière de vivre est correcte et que la sienne est fausse, ou que la sienne est correcte et que la vôtre est fausse?
D’après les Védas, tous les chemins sont bons. Si vous êtes sur la voie spirituelle, peu importe la route que vous prenez, pourvu qu’elle vous convienne et que vous avanciez.
Dans le Rig-Véda se trouve ce mantra : « La Réalité est Une, mais ceux qui le savent en parlent en termes différents ».
La vérité, l’expérience absolue peut être relatée de différentes manières. Aussi les Védas sont-elles considérées comme la source du peuple indien. Il croit que si les voies sont multiples, le but est unique.
Les Puranas
A côté des quatre Védas existent 18 Puranas, recueils traitant des mêmes sujets mais interprétés sous forme de contes. Le processus d’évolution y est expliqué par de petites histoires accessibles à tout un chacun pour que la vérité absolue puisse se graver en mémoire. Telle cette légende des dix avatars ou incarnations de Vichnu qu’on peut raconter ainsi :
Au début, il y eut l’eau, et Vichnu s’incarna sous la forme d’un poisson Matsya avatara. A la seconde incarnation, il devint tortue Kurma avatara. A la troisième, il devint sanglier Varaha avatara. La quatrième fois, il fut mi-homme mi-lion Nrisimha avatara. La cinquième fois, il apparut en nain Vamana. La sixième, en homme violent et coléreux, Parasurama. La septième fois, Dieu s’incarna en Rama, homme discipliné, calme, tranquille, avisé. La huitième incarnation fut Krishna, jeune romantique qui jouait de la flûte, se nourrissait de beurre et de fromage, dansait et jouait avec les demoiselles, mais, en même temps, enseignait le Yoga. Pour la neuvième incarnation, Vichnu devint Buddha, qui nous enseigna la Voie de l’Amour, de la Compassion et de la non violence. Quant à la dixième incarnation, elle est encore à venir… Ce sera Kalki avatara, qui apparaîtra à la fin du Kali Yuga.
Ces incarnations divines sont le thème principal d’un grand nombre d’histoires contées avec poésie dans les Puranas. En Inde, les enfants les apprennent de leur mère et de leur grand-mère. Aussi leur semblent-elles réelles. Et en fait, elles le sont, puisqu’elles décrivent la voie de l’évolution terrestre. La théorie de Darwin énonce pratiquement la même progression : l’eau, le reptile, le mammifère, l’homme des cavernes, le civilisé, le sage.
Souvenez-vous d’une chose : les indiens sont des gens bavards. Ils ont du mal à se mettre d’accord. Ils doutent de la vérité et vous demandent toujours des preuves. Ils ont une manière démocratique de pensée parce qu’ils ont toujours eu la liberté de pensée.
Les recueils des Puranas envisagent toutes les éventualités. Pour certains la création a commencé avec l’eau, le poisson, la tortue. Pour d’autres le monde fut créé par Brahma à partir d’un océan de lait. Alors si vous voulez pénétrer dans cette forme fascinante de discussion philosophique, il vous faudra plonger la tête la première dans tous les textes. Pour ma part, lorsque j’en pris connaissance je restai éberlué par les infinies variétés d’expression qui vont de la poésie à l’énoncé des plus hautes vérités. Tout est illustré par des allégories, et vous y aurez un aperçu merveilleux sur les modes de pensée hindoue qu’on dit être à la base de toutes les philosophies et de toute vie spirituelle.
Le Vedanta Advaita, souvent appelé simplement « Advaita« , est une école philosophique et spirituelle qui a laissé une marque indélébile sur la culture et la religion indiennes. Par ses enseignements, elle a influencé des générations de penseurs, d’artistes et de chercheurs spirituels, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières de l’Inde. Mais qu’est-ce que l’Advaita Vedanta exactement et quelle est sa position unique dans le large spectre de la pensée hindoue ?
En sanskrit,« Advaita » signifie « non-duel » et « Vedanta » se traduit par « la fin (ou la conclusion) des Védas« . Ainsi, dans sa forme la plus élémentaire, l’Advaita Vedanta propose que la réalité est non-duelle, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de distinction réelle et fondamentale entre le soi individuel (ou l’âme) et le Soi suprême ou la réalité ultime. Cette idée contraste avec d’autres écoles hindoues qui postulent des dualités, telles que l’existence séparée de l’âme individuelle et de Dieu.
C’est l’une des six écoles orthodoxes (darshanas) de la pensée hindoue. Ces écoles offrent des perspectives et des pratiques différentes, mais toutes sont considérées comme orthodoxes dans le sens où elles reconnaissent l’autorité des Vedas. Bien qu’il existe de nombreuses écoles et sous-écoles au sein du Vedanta, l’Advaita est peut-être la plus connue et la plus discutée, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Inde.
L’Advaita Vedanta, en tant qu’école philosophique et spirituelle, plonge ses racines dans un passé millénaire qui remonte aux annales les plus anciennes de la tradition indienne. Pour bien comprendre le développement et l’influence de l’Advaita, il est essentiel de retracer son évolution à travers les textes sacrés et les figures clés qui ont façonné sa doctrine.
Les Upanishads : fondements philosophiques de l’Advaita
Avant que l’Advaita Vedanta ne soit officiellement reconnu comme une école de pensée, ses enseignements étaient déjà formulés dans les Upanishads, un ensemble de textes ésotériques et mystiques qui forment la dernière partie des Vedas, les plus anciennes écritures de l’Inde. Ces textes explorent en profondeur la nature de la réalité, de la conscience et du moi.
Les idées centrales de l’Advaita, telles que l’identité entre l’Atman (l’âme individuelle) et le Brahman (la réalité cosmique), sont profondément enracinées dans les Upanishads. Par exemple, des affirmations telles que « Tat Tvam Asi » (Tu es cela) et « Aham Brahmasmi » (Je suis Brahman) expriment directement cette identité non duelle et reviennent régulièrement dans ces textes.
Les Upanishads ont servi de laboratoire philosophique où ces idées ont été discutées, méditées et affinées. Bien que l’Advaita Vedanta tire une grande partie de son inspiration et de ses fondements de ces textes, il est essentiel de se rappeler que les Upanishads servent également de base à d’autres écoles védantiques qui interprètent leurs enseignements différemment.
La Bhagavad Gita : le dialogue divin
La Bhagavad Gita, souvent appelée simplement la Gita, est l’une des écritures les plus aimées et les plus étudiées de l’hindouisme. Elle se présente comme un dialogue entre le prince Arjuna et le dieu Krishna, qui est son compagnon de char. Se déroulant sur le champ de bataille de Kurukshetra, juste avant le déclenchement d’une grande guerre, la Gita aborde les questions du devoir, de la moralité, de la vie et de la mort.
Du point de vue de l’Advaita Vedanta, la Gita est essentielle pour plusieurs raisons :
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Krishna, dans ses enseignements à Arjuna, parle longuement de la nature immuable de l’Atman, qui est éternel et indestructible.
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Bien que la Gita aborde différentes voies spirituelles, telles que la Bhakti (dévotion), le Karma (action) et la Dhyana (méditation), l’enseignement sous-jacent est la non-dualité de l’Atman et du Brahman.
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La Gita offre une vision pratique de la manière de vivre la vie à partir d’une compréhension non duelle, en mettant l’accent sur l’action désintéressée et le renoncement aux fruits des actions.
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Les Brahma Sutras : La logique du Vedanta
Les Brahma Sutras, également connus sous le nom de Vedanta Sutra, sont une série d’aphorismes qui cherchent à systématiser et à clarifier les enseignements des Upanishads. Rédigés par le sage Vyasa, ces sutras sont denses et souvent énigmatiques, nécessitant interprétation et commentaires.
Pour l’Advaita Vedanta, les Brahma Sutras sont fondamentaux pour plusieurs raisons :
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Ils fournissent une structure logique et cohérente pour les enseignements souvent mystiques et ésotériques des Upanishads.
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En raison de leur nature ouverte à l’interprétation, les Brahma Sutras ont été commentés par de nombreux érudits et enseignants au cours des siècles, y compris Adi Shankaracharya. En fait, le commentaire de Shankara sur les Brahma Sutras est fondamental pour l’école de l’Advaita Vedanta.
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Les sutras abordent et réfutent divers points de vue philosophiques et théologiques, établissant la primauté du Vedanta et défendant la vision non-duelle.
Adi Shankaracharya : la consolidation de l’Advaita
Bien que l’on trouve des enseignements non duels dans les Upanishads, c’est Adi Shankaracharya qui, au VIIIe siècle de notre ère, a véritablement consolidé et systématisé l’Advaita Vedanta en tant qu’école philosophique cohérente. Né dans l’État actuel du Kerala, Adi Shankaracharya, souvent appelé simplement Shankara, était un prodige qui, dès son plus jeune âge, a fait preuve d’une profonde compréhension des textes sacrés.
Shankara a beaucoup voyagé à travers l’Inde, débattant avec des érudits de différentes traditions et établissant des monastères (mathas). Au cours de ces débats, il a vigoureusement défendu les idées de l’Advaita et a souvent été victorieux, ce qui a conduit à une plus grande acceptation de ses enseignements.
Son œuvre la plus importante, les « Bhashyas » ou commentaires des Upanishads, de la Bhagavad Gita et des Brahma Sutras, est considérée comme le traité définitif de l’Advaita Vedanta. Dans ces commentaires, Shankara articule clairement et logiquement les principes de l’Advaita, réfutant les objections des autres écoles et établissant la primauté de la pensée non-duelle.
Shankara n’était pas seulement un grand philosophe, mais aussi un poète et un dévot. Ses compositions dévotionnelles, qui célèbrent la divinité et la nature non duelle de la réalité, restent populaires et sont chantées dans toute l’Inde.
La consolidation du Vedanta Advaita par Shankara a eu lieu à un moment crucial de l’histoire de l’Inde. À cette époque, l’hindouisme était confronté aux défis lancés par d’autres traditions, telles que le bouddhisme et le jaïnisme. Par ses débats et ses enseignements, Shankara a non seulement défendu l’Advaita Vedanta, mais a également revitalisé l’hindouisme en général, en soulignant l’importance des écritures védiques et de la tradition brahmanique.
Après Shankara, l’Advaita Vedanta a continué à évoluer grâce à la contribution de divers érudits et enseignants. Si nombre d’entre eux ont réaffirmé et développé les enseignements de Shankara, d’autres ont proposé des interprétations et des accents légèrement différents, qui ont encore enrichi la tradition.
Concepts fondamentaux de l’Advaita
Le Vedanta Advaita est une tradition riche et complexe qui aborde certaines des questions les plus profondes de l’existence. Ses enseignements reposent sur un certain nombre de concepts clés qui servent de piliers à la compréhension de sa vision non-duelle du monde. Explorons ces concepts fondamentaux.
Brahman : la réalité suprême
Brahman est le concept central de l’Advaita Vedanta. Il représente la réalité ultime, le principe sous-jacent à tout ce qui existe. Brahman est éternel, immuable, omniprésent et transcendantal. Il n’est pas limité par le temps, l’espace ou la causalité. Il est à la fois le créateur et la substance de la création, mais il transcende ces deux catégories. Dans l’Advaïta, le Brahman est souvent décrit comme« Sat-Chit-Ananda » – le Soi, la Conscience et la Félicité.
Atman : le Soi
L’Atman est l’être essentiel ou l’âme de chaque individu. Dans l’Advaita Vedanta, l’Atman est considéré comme identique à Brahman. Cette identité non duelle entre l’âme individuelle et la réalité suprême est la pierre angulaire de l’Advaïta. Alors que Brahman est la réalité macrocosmique, Atman en est la contrepartie microcosmique. Le véritable objectif spirituel, selon l’Advaita, est de reconnaître cette identité : réaliser que l’on n’est pas simplement le corps ou l’esprit, mais Atman, qui est Brahman.
Maya : l’illusion
Le monde que nous percevons, avec sa diversité et sa dualité, est considéré dans l’Advaita comme une manifestation de Maya. Maya n’est pas simplement une « illusion » au sens occidental du terme ; il s’agit plutôt du pouvoir cosmique qui fait que l’immuable semble mutable, que l’éternel semble transitoire. Maya est la raison pour laquelle nous percevons le monde comme nous le faisons, mais c’est aussi ce qui nous empêche de voir la réalité ultime de Brahman. Il ne s’agit pas de nier l’existence du monde, mais de réaliser que sa réalité est secondaire par rapport à celle de Brahman.
Avidya : l’ignorance spirituelle
La cause fondamentale de la souffrance humaine, selon l’Advaita Vedanta, est l’Avidya, ou l’ignorance. Il ne s’agit pas d’une ignorance ordinaire, mais d’un manque de compréhension de notre véritable nature. À cause de l’Avidya, nous nous identifions à notre corps, à notre mental et à notre ego, plutôt qu’à l’Atman. Cette identification erronée engendre le désir, l’attachement, la peur et la souffrance. La libération (moksha) s’obtient en surmontant cette ignorance.
Moksha : la libération
La moksha est la libération du cycle des naissances et des réincarnations (samsara). C’est la réalisation de sa véritable nature en tant qu’Atman, qui est Brahman. Moksha n’est pas quelque chose à obtenir après la mort, mais peut être atteint ici et maintenant. Il s’agit d’un état de libération complète de tout attachement et de toute souffrance, qui s’obtient par la réalisation de la non-dualité de l’Atman et du Brahman.
Guru : l’enseignant spirituel
L’Advaita Vedanta accorde une grande importance au gourou ou maître spirituel. Le gourou est considéré comme essentiel pour guider l’aspirant sur le chemin de la réalisation. Un véritable gourou n’est pas simplement un enseignant ou un érudit, mais quelqu’un qui a réalisé la vérité de l’Advaïta par sa propre expérience. Le gourou est considéré comme le moyen par lequel la vérité est révélée, et sa grâce est essentielle pour surmonter l’Avidya.
La pratique de l’Advaita Vedanta
Bien que profondément philosophique dans son essence, l’Advaita Vedanta n’est pas dépourvu de pratiques et de disciplines concrètes. Ces pratiques sont essentielles à la transformation intérieure de l’individu et à la réalisation directe des vérités exposées dans les écritures. Examinons quelques-unes des pratiques et disciplines les plus importantes de la tradition du Vedanta.
Shravana (écoute)
Shravana fait référence à l’écoute attentive des écritures, en particulier des Upanishads, de la Bhagavad Gita et des Brahma Sutras. Il ne s’agit pas d’une écoute superficielle ou passive, mais d’une immersion profonde dans les enseignements, souvent sous la direction d’un enseignant compétent (guru). Grâce à shravana, on acquiert une compréhension intellectuelle de la non-dualité et d’autres concepts essentiels.
Manana (réflexion)
Une fois que l’on a entendu et compris les enseignements, il est essentiel d’y réfléchir. Manana implique un processus délibéré de raisonnement et de contemplation afin d’assimiler et d’intérioriser les connaissances. Il s’agit de résoudre les doutes, d’analyser les enseignements sous différentes perspectives et de s’assurer que la compréhension est claire et sans ambiguïté.
Nididhyasana (méditation profonde)
Après l’écoute et la réflexion, il est essentiel de méditer profondément sur la vérité acquise. Nididhyasana n’est pas simplement une pratique de concentration ; c’est une absorption totale dans la vérité de l’Advaita, une immersion dans la conscience non-duelle de Brahman. Grâce à cette méditation, la connaissance devient une expérience directe.
Viveka (discrimination)
Viveka est la capacité de discerner entre le réel et l’irréel, l’éternel et le transitoire. Sur la voie de l’Advaita, il est essentiel de cultiver cette discrimination afin de distinguer l’Atman, qui est immuable et éternel, du monde de maya, qui est changeant et éphémère.
Vairagya (détachement)
Parallèlement à viveka, le détachement ou le renoncement aux plaisirs et aux attachements du monde est essentiel. Vairagya n’implique pas une aversion pour le monde, mais plutôt une libération de son influence. C’est reconnaître que le vrai bonheur ne se trouve pas dans les objets du monde, mais dans la réalisation du vrai soi.
Sadhana Chatushtaya (les quatre disciplines)
Il s’agit d’un ensemble de quatre disciplines prescrites qui sont considérées comme la base de l’aspirant à l’Advaita. Ces disciplines sont les suivantes
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Shama (contrôle de l’esprit) : il s’agit de l’état dans lequel l’esprit est calme et exempt d’agitation. Il ne s’agit pas simplement de l’absence d’activité, mais d’un état dans lequel l’esprit est centré, paisible et non distrait.
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Dama (contrôle des sens): Il s’agit du contrôle et de la retenue des organes de perception et d’action, les empêchant de se disperser sans discernement après les objets sensuels. Cela implique de ne pas être esclave des désirs et des stimuli sensoriels.
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Uparati (renoncement): Plus qu’un simple retrait physique ou un renoncement extérieur, Uparati fait référence à un renoncement intérieur. Cela signifie que l’on n’a pas de désir intense ou d’attachement pour les plaisirs sensuels ou mondains. Bien que l’on puisse continuer à participer à des activités mondaines, on n’y est pas émotionnellement attaché et on n’est pas perturbé par les changements et les fluctuations de la vie
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Titiksha (Tolérance): implique la capacité à supporter les difficultés, les souffrances et les adversités de la vie sans se plaindre ni être perturbé. C’est l’endurance face aux hauts et aux bas de la vie. Il ne s’agit pas seulement de supporter la douleur ou les épreuves, mais aussi de maintenir un état d’esprit équilibré dans les situations agréables comme dans les situations douloureuses. Ne pas se laisser emporter par un plaisir excessif ou par l’euphorie, ni sombrer dans le désespoir dans les moments difficiles.
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Satsang (compagnie des sages)
La compagnie d’enseignants réalisés et de co-aspirants spirituels est considérée comme bénéfique dans l’Advaita Vedanta. Le Satsanga offre une atmosphère de soutien, d’inspiration et de clarification directe des doutes et des confusions.
Atma Vichara (recherche sur soi)
Une pratique essentielle de l’Advaita est la recherche continue et profonde de la nature du soi :« Qui suis-je? Cette recherche amène l’aspirant à dépasser les identifications superficielles avec le corps et l’esprit pour parvenir à une compréhension directe de l’Atman.