C’est une pratique qui demande beaucoup de lucidité et de présence car elle prend notre égo à rebrousse poil, en lui apprenant à accepter l’inacceptable et à donner ce qu’il refuse de donner. Elle nous demande d’accepter d’être exposé à l’irritation et à l’indésirable, d’accepter ce à quoi nous dirions habituellement «non». Mais il s’agit aussi d’accepter intérieurement les côtés obscurs de nous-même que nous n’avons pas envie de reconnaître. Nous devrions accueillir le côté pénible de la situation plutôt que de le refuser et de lutter contre lui. Si, face à une situation pénible, on commence à accepter, sans réagir à priori impulsivement, on introduit une pause dans la situation. Elle est un espace qui permet de mieux la sentir. C’est à partir de cette perception qu’il devient possible d’y répondre plus justement. En acceptant, on se laisse ainsi pénétrer par la situation à priori inacceptable ou non désirée. L’inacceptable pénètre jusqu’au plus profond de nous-même. C’est une acceptation sans réserve. Il n’y a pas de «oui, mais...». On est complètement exposé, transparent, et l’on abandonne la lutte et le rejet. Ensuite, s’accepter soi-même signifie reconnaître sa vraie nature comme étant un «chapelet de mirages» dépourvu de réalité intrinsèque. De se glisser à l’arrière-plan de son être et de regarder cet inacceptable comme n’étant qu’un phénomène dont je ne suis pas l’auteur. Comme tout phénomène, cet inacceptable a sa propre existence mais je ne suis pas cela. Percevant cela, l’inacceptable se dissout de lui-même pour ouvrir le champ de la compassion infinie. Accepter ne signifie pas «subir», mais accepter l’apparition de ce genre de phénomène comme étant une manifestation de la nature même des choses. Les choses sont ce qu’elles sont mais je ne suis pas ces choses. Se tenant à l’arrière-plan, je peux alors, avec compassion, regarder ces souffrances et ne pas les entretenir, ne pas les nourrir. Seule l’acceptation totale pourvue de l’Œil de l’Éveillé met fin au pouvoir du «subir», de «l’endurance» et de la «douleur». Sando Kaisen
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